Rony Braumann ou la haine policée

220px-Rony_Brauman_p1200580Rony BRAUMANN au Parvis/ centre culturel de PAU

Vendredi 20 Novembre 2014  18h

Présentation de l’ouvrage collectif PLAIDOYER POUR LES PALESTINIENS

Débat animé par Marc BELIT

 

Le fanatisme doucereux de Rony Braumann… A le voir et l’entendre, c’est la définition qui vient spontanément sous ma plume. La haine de cet homme pour le pays qui l’a vu naître et pour ses compatriotes  malgré lui a quelque chose de glaçant, comme celle d’un Stephane Hessel, d’un Dominique Vidal, d’un Warschawski, d’un Sylvain Cypel. Mais qu’a bien pu lui faire son père, combattant sioniste de la première heure ? De plaidoyer pour les Palestiniens, point, mais un réquisitoire contre Israël, un discours d’accusateur public, oui. J’ai retrouvé les arguments déjà développés dans LA DISCORDE, entretiens avec Alain Finkielkraut, sous la direction d’Elizabeth Lévy, parus en 2006. Huit années n’ont en rien tempéré sa présentation tronquée, son mépris des faits et de la chronologie. Même la récente tribune d’Elie Barnavi, où l’ancien ambassadeur en France se félicite des votes des parlements appelant à la reconnaissance d’un Etat Palestinien pour sortir du tête-à-tête mortifère entre l’Etat juif et les Palestiniens, même cette tribune pour moi surprenante ne trouve pas grâce à ses yeux. Barnavi est pour Braumann « l’homme de Sharon »…

Marc Belit que j’ai connu plus incisif avec d’autres invités sert la soupe avec nonchalance. Pas une once d’objection ou de critique, une empathie excessive pour « l’insurrection morale » qui sert d’armure avantageuse au chevalier blanc de la Propalestine. Le public très majoritairement acquis en redemande. Les « Précieuses radicales » qui peuplent la salle ponctuent le discours d’injures feutrées à l’adresse de l’israélien imaginaire infiltré dans la salle. A les côtoyer, je pense irrésistiblement aux Tricoteuses qui sous la Terreur habitaient les travées du Tribunal Révolutionnaire pour faire leur miel des injures de Fouquier-Tinville avant d’emménager au pied de l’échafaud…

Ma question arrive après deux interventions lyriques sur la honte qu’éprouvent ces dames à être françaises alors que leur gouvernement de gauche est si indulgent envers l’Etat d’Israël, ce qui ne m’avait pas particulièrement frappé ces derniers temps, entre autres depuis l’initiative du groupe parlementaire socialiste. Je m’efforce d’être factuel pour ne pas éveiller de soupçon prématuré et tenter d’en appeler à l’honnêteté intellectuelle de mon interlocuteur.

« Vous affirmez que l’assassinat de Rabin marque la fin du processus de paix. Que faites-vous des négociations directes de 2000 à Camp David et Taba qui voient Ehud Barak proposer la rétrocession de 97% des Territoires ( – je n’ose pas glisser « disputés » pour ne pas me dévoiler-) et la souveraineté palestinienne sur Jérusalem- Est ? N’y a-t-il pas là une occasion manquée de créer l’Etat que vous appelez de vos vœux ? Est-ce la faute d’Israël ?»

J’avais tout faux bien sûr puisque les promesses de Barak, « le plus nul de tous les politiciens, » n’avaient rien de généreux et n’étaient qu’un calcul tactique pour se gagner les faveurs de l’opinion avant de rompre unilatéralement les négociations. Je passe sur le florilège de noms d’oiseaux qui accabla ce pauvre Ehud Barak devenu, honte suprême, le ministre de la défense d’un gouvernement d’extrême-droite auprès duquel « le Front National fait figure de parti radical-socialiste ».

Ce type d’exercice n’incluant pas de droit de réponse, même à l’infamie, même au mensonge, l’horizon redevint soudain radieux grâce à l’évocation de Marouane Barghouti, cet humaniste généreux qui croupit pour des babioles dans les geôles de l’Etat des Juifs. Rony Brauman en fit l’incarnation de la Résistance du Peuple Palestinien et exhaussa le terroriste à la stature d’un Mandela. Le mot de réconciliation ne fut pas prononcé, normal, n’est pas Mandela qui veut. La prison n’y suffit pas. Il faudrait aussi s’affranchir de sa prison mentale.

Ma seule consolation dans cette ascèse de l’écoute de l’Autre a paradoxalement été le pessimisme « foncier » (dans tous les sens du terme) de la perspective envisagée par l’orateur : l’autonomie municipale accordée à quelques « bantoustans » palestiniens éclatés dont la juste lutte ne saurait s’appuyer sur des Etats arabes hypocrites…Quand Rony Braumann aura un sourire de triomphe, les amis d’Israël pourront se faire du souci. Mais je n’ai pas attendu jusque là, un peu démonstrativement je l’avoue, je suis parti avant la fin.

AJF

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