Les Ailes de Feu : 1- L’aérostation, les débuts de l’aéronautique militaire

MontgolfièreLes ballons des frères Montgolfier trouveront très vite une application militaire durant les batailles de la Révolution française. Lors du siège de Maubeuge, en 1793, et de la bataille de Fleurus, en 1794, les forces alliées contre la France verront leurs mouvements de troupes observées sans relâche par un ballon au-dessus des lignes françaises.

Retenu par un câble à un chariot muni d’une poulie permettant de régler l’altitude, le ballon permettait à trois personnes d’observer l’ennemi et de transmettre des informations au commandement terrestre grâce à un système de panneaux de couleur. Ce système ingénieux donnait un avantage considérable aux français puisqu’il permettait de connaître en temps réel la position des troupes ennemies et de détecter leurs mouvements. L’effet de surprise était ainsi complètement annulé pour l’ennemi et chacun de ses mouvements pouvait ainsi être contré par une action adaptée. La bataille de Fleurus fut un brillant succès pour les troupes françaises et conduit à la création d’une école d’aérostation militaire.

Il faut également noter la prévision exceptionnelle que l’américain Benjamin Franklin fit en 1784 puisqu’il estimait que 5000 ballons comportant chacun deux soldats pourraient être envoyés sur les arrières des lignes ennemies et causer une sévère désorganisation de la défense ennemie. Ce fut la première imagination d’une opération aéroportée et de ses effets dans un conflit.

Ainsi, dès l’apparition des ballons, les avantages de la maîtrise de l’air apparaissaient clairement près de 150 ans avant l’utilisation pratique de l’aviation militaire.

LC-DIG-cwpb-01563pPourtant, l’aérostation ne fut pas utilisée à un tel niveau dans aucun autre engagement militaire français. Les généraux commandant sur le terrain estimaient que l’utilisation de ces ballons rendait leur art tactique plus scientifique et moins intuitif, donc moins glorieux. D’un point de vue plus pratique, le dispositif nécessaire à la mise en place des ballons était lourd et peu adapté à la stratégie de mouvement des guerres napoléoniennes. De plus, les conditions météorologiques ne permettaient pas l’utilisation systématique des ballons dans tous les cas.
Les américains utilisèrent également des ballons d’observation durant la guerre de sécession de 1861-1865. Mais le scepticisme des politiques et des militaires ainsi que les mêmes contraintes défavorables ne permirent pas leur utilisation à grande échelle sauf lors du siège de la ville de Petersburg.

La France utilisa à nouveau les ballons lors du siège de Paris en 1870 et finit par créer en 1877 le service de l’aérostation militaire équipé de dirigeables, plus adaptés à l’action militaire que de simples ballons. Ce n’est qu’en 1884, en Indochine, que des aérostiers observateurs participèrent de façon active à des opérations militaires.

En 1890, Clément Ader fait voler son « Eole » et parvient à convaincre le Ministère de la Guerre de la nécessité d’une aviation militaire au travers de nombreux ouvrages visionnaires qui comportent d’ailleurs un certain nombre de principes toujours valables aujourd’hui. Mais ses appareils ne sont pas au point et il reste encore à découvrir le moyen de transporter un homme et de contrôler l’appareil. Ce n’est qu’en 1904 en France que le « Service d’Aérostation militaire » s’intéresse aux avions.

Aux Etats-Unis, les avions Wright sont également expérimentés par l’US Army mais un accident, mortel pour un officier américain, ralentit considérablement l’émergence de l’aviation militaire américaine. En France, le Génie militaire et l’Artillerie s’intéressent aux avions et obtiennent d’acheter une dizaine d’avions de types différents.

En 1910, la première école militaire d’aviation est créée à Châlons et l’aviation participe aux grandes manœuvres, sans convaincre pour autant le haut commandement militaire. Mais l’aéronautique militaire s’institutionnalise petit à petit à travers la création de postes d’officiers supérieurs pour l’aéronautique et par la création du brevet de pilote militaire. Entre 1910 et 1914, l’aviation est utilisée essentiellement pour le réglage d’artillerie, la cartographie et la reconnaissance. Une exception cepenRumplerTaubeInFlightdant peut être faite avec le bombardement de positions turques en Libye par Giulio Gavotti, un aviateur italien, en 1911. L’aviation est considérée alors comme un outil supplémentaire pour conduire les opérations terrestres. C’est un outil d’observation et peu de militaires envisagent alors un emploi différent des capacités offertes par l’aviation.

Laisser un commentaire