Carton Noir à Slate !

SlateJ’inaugure aujourd’hui le concept du « Carton Noir », qui n’est pas une référence au sport cette fois-ci mais plutôt à la littérature et à la marque noire que reçoit le Capitaine des mains du vieux Pew au début de « L’île au Trésor » de Robert Louis Stevenson.

Avec l’article «Plus Israël gratte notre terre, plus recule la paix» de Henri Tincq, incroyablement partisan et orienté, à la limite de l’incitation directe à la haine, Slate vient de publier clairement l’un des pires articles que j’ai jamais lu sur ce sujet.

Cet article est long et je n’ai hélas pas le temps de contrer un à un tous les mensonges et approximations de ce texte. J’ai donc décidé de changer un peu ma méthode et de pointer plusieurs paragraphes ou notions qui posent particulièrement problème.

En premier lieu, face à un article de cette teneur, j’ai voulu en savoir plus sur l’auteur. Ancien journaliste de « La Croix » et de « Le Monde ». Déjà, c’est mal parti pour avoir un avis objectif sur le sujet. « Spécialiste des questions religieuses », ensuite. La France adore les spécialistes, les experts, les intellectuels et tout cette clique autoproclamée qui fait de l’argument d’autorité pour imposer ses idéologies. Que ce monsieur travaille plus particulièrement sur les question religieuses, je peux admettre mais ça n’en fait pas un « spécialiste ». J’ai ensuite lu plusieurs de ses articles, dont un article surréaliste dans lequel il clame que les terroristes du mois de Janvier « ont aussi voulu tuer l’Islam » et d’autres qui veulent mettre dans le même panier de haine et de violence les trois grandes religions monothéistes ou encore qui estiment que rappeler les racines judéo-chrétiennes de la France est islamophobe. On est donc face à un spécialiste autoproclamé des questions religieuses, auteur dans des journaux notoirement antisionistes, qui fait du relativisme entre Christianisme, Judaïsme et Islam et qui tente de présenter comme religieusement orthodoxe et représentatives les avancées technologiques et intellectuelles cooptées par l’Islam du Moyen-Age. Voilà donc à travers quel prisme ce monsieur commence son article sur les Palestiniens. Il est évident que ça ne peut pas bien se passer.

Article qui commence d’ailleurs de façon ubuesque :

« Il y a près de vingt ans, le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, premier ministre d’Israël, était assassiné par Yigal Amir, un extrémiste juif hostile aux accords de paix signés, deux ans plus tôt à Oslo, avec le leader palestinien Yasser Arafat. Depuis, ni Israël, ni la Palestine occupée et colonisée ne se sont remis d’une pareille tragédie. »

Que l’assassinat de Rabin soit une tragédie inexcusable, j’en conviens mais en faire le point de départ de la situation actuelle sans le relier à l’ensemble du contexte général de la guerre arabe contre Israël et du contexte particulier de l’époque est d’une singulière mauvaise foi. C’est passer sous silence le traumatisme de la Première Intifada, l’émergence du Hamas ou la contestation vive des Accords d’Oslo au sein de la société israélienne. Les Accords d’Oslo sont certes un geste de paix et de bonne volonté immense de la part d’Israël mais il ne faut pas non plus en faire un épisode idyllique de réconciliation et d’amour, surtout de la part de Yasser Arafat qui est d’une duplicité phénoménale durant ces négociations et durant les années qui ont suivi. La création pacifique et dans une entente cordiale d’un état palestinien par l’OLP n’a jamais été à l’ordre du jour et ne l’est d’ailleurs toujours pas. Donc faire de l’angélisme en érigeant les époux Rabin et les Accords d’Oslo en mythologie de la paix est totalement indigne d’un journaliste !

Je passe sur les termes de « Cisjordanie », de « Jérusalem-Est » et autres appellations tendancieuses habituelles, parce que ce sont que des rhumes par rapport au bouillon de culture toxique que représente ce texte. Mais je n’en laisse pas passer une, qui veut tout dire :

« On se marie en Palestine, on construit à perte de vue, on embouteille les rues, on s’entasse dans les souks. »

La Palestine n’existe pas. La Palestine n’a aucune existence juridique ou géographique. Il existe une « Autorité Palestinienne » qui a le statut d’Etat non-membre à l’ONU et sans territoire alloué. Alors, en effet, Yasser Arafat a déclaré un Etat de Palestine en 1988 mais celui-ci ne repose sur rien et dans les faits, n’existe pas. Donc Monsieur Tincq s’approprie le narratif palestinien et, ce faisant, nie l’existence d’Israël, qu’il le veuille ou non. Appeler cette région « Palestine », telle que le fait l’OLP créée alors que les territoires des Monts de Judée étaient jordaniens, ne peut vouloir dire qu’une chose : Monsieur Tincq s’approprie le discours de l’OLP qui revendique un Etat de Palestine sur les terres d’Israël. Entre Israël et Palestine, Monsieur Tincq a fait son choix et c’est un choix idéologique qui ne repose sur aucune réalité.

Monsieur Tincq qualifie ensuite de « poète national » Mahmoud Darwich, communiste révolutionnaire membre de l’OLP qui a démissionné en 1993 pour protester contre les Accords d’Oslo qu’il jugeait trop conciliant. Merci, Monsieur Tincq, de confirmer par l’émouvant rappel que vous faites de cet « artiste engagé », que la cause palestinienne est bien une vaste farce de propagande soviétique habillée de théorie de libération révolutionnaire et d’un bon vieil antisémitisme à la fois russe et arabe !

« La Palestine, on n’en parlait plus souvent, écrasée dans le chaudron proche-oriental par la guerre en Irak, les bombardements en Syrie, les ombres de Daech, l’affrontement de géants entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite. La Palestine reste pourtant un long cri de désespoir. » écrit ensuite Monsieur Tincq à qui on a envie de demander dans quelle grotte il s’est réfugié pour échapper aux sempiternels articles anti-israéliens, aux bandeaux déroulants de BFM TV ou aux manifestations antisionistes, à chaque fois qu’Israël bouge un doigt de pied en direction des palestiniens. Aucune manifestation ni destruction de bien public pour l’Irak, la Syrie, Daesh ou autres ! Alors que des soupçons de guerre chimique et de guerre nucléaire planent sur le Moyen-Orient et qu’on approche tranquillement des 300 000 morts en Syrie, sans même parler des centaines de milliers d’irakiens victimes des groupes salafistes, la presse internationale préfère être antisémite qu’humaine et ne peut pas s’empêcher de s’en prendre à Israël, heureuse comme tout quand un adolescent palestinien est victime d’une vengeance par des Juifs et qu’elle peut montrer que les Juifs sont des monstres de ne pas se laisser assassiner !

«Ils peuvent bien continuer à nous voler nos terres. Ils ne nous voleront pas Mahmoud Darwich et nos poètes nationaux. Ils ne nous voleront pas notre histoire, notre culture, notre âme», explique fièrement un étudiant de 26 ans à Birzeit, près de Ramallah, l’une des six universités palestiniennes qui sont l’espoir du pays. 

Que cet étudiant de Birzeit se rassure, on a assez de mal à se débarrasser de nos propres faux-poètes/vrais agents de la propagande marxiste pour leur piquer les leurs et les Israéliens n’en veulent pas non plus. Quant à leur histoire, leur culture, leur âme, il n’y a rien à voler donc il peut dormir tranquille ! Par nature, le vide ne se vole pas ! Quelle histoire palestinienne ? Quelle culture palestinienne ? Celles des mythes soviétiques appris en boucle dans les jeunesses islamistes du Hamas ? Il n’y a ni figures historiques, ni villes fondées par un « peuple palestinien », ni art ou architecture « palestiniens ». Il n’y a rien de « palestinien » qui ne soit en fait arabe ou musulman !

Mais le summum de la mauvaise foi est atteint quelques paragraphes suivants quand Monsieur Tincq cite un bédouin qui dit :

« «Les Israéliens ne peuvent pas comprendre le lien qui relie la Palestine à sa terre. Ils nous ont jetés du Neguev. Maintenant, ils nous jettent d’ici. Où voulez-vous que nous allions ? Peuvent-ils enfin comprendre que cette terre est arabe, qu’elle nous écoute et nous comprend ? La terre appartient à ceux qui l’aiment». »

Comment ce Monsieur Tincq, spécialiste autoproclamé des questions religieuses, arrive t’il à rester répercuter ce propos sans prendre conscience de ce que vient de dire son interlocuteur ?

Les Israéliens ne peuvent pas comprendre ? Pendant 2000 ans, ils ont dit « L’an prochain à Jérusalem ». Pendant 2000 ans, ils ont célébré les fêtes agricoles de la terre d’Israël même quand ça ne correspondait pas à celles de leurs pays d’adoption. Les jeunes mariés écrasent un verre sous leur pied, le jour de leur mariage, pour atténuer leur joie et se souvenir du drame de la destruction du Temple de Jérusalem. Pendant 2000 ans, les Juifs se sont accrochés à cette terre comme étant leur seul et leur dernier espoir, y émigrant dans leurs vieux jours pour y mourir. Pendant 2000 ans, ils ont pleuré leur terre perdue, leur Jérusalem aux mains d’ennemis qui les persécutaient. Pendant toute l’histoire connue des hommes, il y a eu des Juifs à Hébron. Depuis plus de 25 siècles, il y a eu des Juifs à Jérusalem qui ont préféré porter des vêtements infamants, être pauvres et marginaux dans leur ville plutôt que d’oublier leurs racines, leur culture et leur foi.
Cette terre n’a JAMAIS été aussi florissante que lorsqu’elle est cultivée et habitée par des Juifs. Avant 1880, c’était une terre infertile, sous-développée, sous-peuplée, en proie au razzias des Bédouins et où vivaient des miséreux, regroupés en villages de torchis et n’ayant pas assez de bras pour développer l’agriculture ! Même les Ottomans et les princes Arabes, Fayçal en tête en 1919, ont accueilli les Juifs à bras ouverts pour faire renaître une terre morte dont ils ne savaient que faire.

Par cette simple phrase, « La terre appartient à ceux qui l’aiment », ce Bédouin et Monsieur Tincq qui le cite en pensant faire vibrer les émotions occidentales, viennent de justifier tout ce que représente le Sionisme et le simple fait qu’il ne s’en rende pas compte discrédite l’ensemble de son article et sa comptabilité à charge de l’eau ou des terres.

Je comprends mieux que Monsieur Tincq ne rappelle pas que la présence israélienne dans les Monts de Judée fait l’objet des Accords d’Oslo et que l’Autorité Palestinienne conteste ce qu’elle a elle-même conclu. Monsieur Tincq, submergé par les larmoyantes complaintes palestiniennes, ne se rend même pas compte, tout spécialiste des questions religieuses qu’il soit, qu’il est en pleine manipulation idéologique ou en pleine taqqiya et il en perd complètement le sens des réalités. Il vit dans un monde imaginaire où la Palestine est une terre ancestrale des Arabes et de l’Islam, d’une culture florissante avec des dynasties royales, des guerres et de batailles, des découvertes, une langue originale et une foi nationale et dont l’avenir a été détruit par une conquête agressive de barbares étrangers attirés par ses fabuleuses richesses et qui ont construit de toutes pièces une idéologie, le Sionisme, pour s’en emparer.

A ce niveau-là de délire mythologique et d’aveuglement, on se fait interner. Quant à Slate qui publie un tel roman fantasmagorique, qui a à peu près autant de valeur que les Protocoles des Sages de Sion en le faisant passer pour du journalisme, mon « Carton Noir » est largement mérité.

Pug

 

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