Le discours des Justes

Henri Knopf

 

 

Discours du Dimanche 18 Janvier 2015 à Soues (Hautes-Pyrénées)

A l’occasion de la remise de la Médaille des Justes parmi les Nations de l’Institut Yad Vashem aux descendants de Dominique LAPIERRE, honoré à titre posthume pour la protection de M. Henri Knopf.

 

Monsieur l’Ambassadeur d’Israël,
Madame le Sous-Préfet,
Madame le Député,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs, chers Amis d’Israël,

Les temps que nous croyions révolus sont de retour. Voilà hélas revenus les sombres temps où nous avons besoin des Justes.
Dans la guerre cruelle qui est menée par l’Islamisme contre la France et ses enfants – tous ses enfants –, les Justes sont aujourd’hui ces policiers et ces soldats qui au péril de leur vie ont pu sauver une grande partie des otages juifs de l’Hyper Casher de Vincennes. Les Justes étaient aussi ce policier de confession musulmane tué Mercredi 7 Janvier dans l’exercice de son devoir, ainsi que l’employé malien musulman de l’Hyper Casher qui est parvenu à dissimuler des otages et les a ainsi sauvés.
Cette actualité tragique devrait nous accabler, et pourtant elle nous fait relever la tête. C’est cette tragédie qui donne à la commémoration d’aujourd’hui un relief particulier, c’est elle qui lui confère une portée exceptionnelle.
Comme aux années noires de l’Occupation, les Juifs de France sont la cible de menaces qui pèsent sur leur existence même.
Voilà quinze ans –depuis le déclenchement de la seconde Intifada – que prospère en France un antisémitisme qui ne prend même plus la peine de se masquer derrière l’antisionisme et sa haine de l’Etat d’Israël. Voilà quinze ans qu’a commencé, selon l’expression d’ Alain Finkielkraut, une « Nuit de cristal à bas bruit » où les casseurs n’hésitent pas à crier « Mort aux Juifs » dans les rues de Paris, et à s’en prendre aux commerces juifs, aux écoles juives, aux synagogues.
Cet antisémitisme des banlieues est né chez nous, a grandi chez nous, il s’est nourri de nos reculades et de nos faiblesses, il a tué à Toulouse, il a tué à Paris, et ne nous berçons pas d’illusions, il tuera de nouveau si nous baissons la garde.
Une forte minorité musulmane radicalisée ne se reconnaît pas dans la France. Au cœur même de notre démocratie sont à l’œuvre des forces qui ne se revendiquent pas des valeurs d’une société ouverte, fraternelle, libre et pluraliste mais du sectarisme, du fanatisme religieux et de la haine.
Cette terreur appelle des réponses fortes et immédiates : judiciaires, sécuritaires, militaires, éducatives, des réponses à l’opposé des accommodements prétendument raisonnables et des renoncements à appliquer les lois de la République, des petites lâchetés individuelles et collectives, du climat de complaisance et de tolérance molle et de culture de l’excuse qui n’ont que trop sévi trop longtemps.
Saluons ce sursaut national : il engage chacun d’entre nous, où qu’il soit, quelle que soit sa profession.
Les commémorations sont nécessaires, l’intelligence du passé indispensable. Mais en vérité, elle serait bien vaine une mémoire qui n’éclairerait que le passé et nous aveuglerait sur le présent. Nous ne pouvons nous satisfaire à bon compte d’une clairvoyance rétrospective. Rendre hommage aux Justes ne nous dispense ni de la lucidité sur le présent, ni de la vigilance pour l’avenir.
Bien au contraire, l’exemple de ceux qui se sont portés au secours des Juifs nous y engage plus que jamais. Leur noblesse nous oblige, elle nous met en garde.
Car le fascisme d’avant-hier a revêtu de nouveaux habits, il a pris un nouveau visage. Son centre de gravité n’est plus où on le voyait hier. Il est aujourd’hui porté par l’Islamisme, la haine envers l’Etat-nation, envers les sociétés ouvertes, mais cette idéologie meurtrière n’est forte que de nos complaisances et de nos faiblesses.
Elle se heurte heureusement à la mobilisation de la Nation tout entière, à celle des autorités de l’Etat qui assure la protection physique des Juifs de France, à celle du peuple français qui réconforte les Français Juifs de son soutien. Ces Justes que nous honorons incarnent la valeur et la grandeur du témoignage, ils sont la France dans ce qu’elle a de meilleur. Leur action individuelle est le sel de la Terre, elle est le pain de la Justice, la sécurité des Juifs de France s’appuie aussi aujourd’hui heureusement sur la présence de l’Etat d’Israël, cet ultime rempart, et ce dernier refuge.
Chenit Matzada lo tipol, Monsieur l’Ambassadeur, Massada ne tombera pas une seconde fois.
Puisse l’exemple des Justes inspirer chacun d’entre nous, puissions -nous avoir comme eux la dignité et le courage de sauver les Juifs de France, nos amis, nos frères. Pour cela, il nous faut aujourd’hui ouvrir les yeux et clairement désigner l’ennemi, c’est-à-dire reconnaître enfin le lien qui existe entre l’offensive islamiste en Occident et sa part proche-orientale et anti-israélienne.
Israël est la ligne de front dans notre commun combat contre l’Islamisme radical. En face de nous, la Barbarie essaie de nous intimider et de nous abattre. Ils échoueront car nous puisons notre détermination dans leur haine désespérante.
Ils sont le nombre, ils sont la multitude, mais nous, nous sommes l’humanité.

JF AMBLARD – Président de FRANCE ISRAËL PAU

Laisser un commentaire